
L’arbre est dans ses feuilles…
Article repris de l’infolettre #138
Et puis, comment s’était passée votre gueule de bois jeudi matin dernier ?
Bon, certains avait peut-être pris un coup pour célébrer la Fête nationale française (qui était le 14 juillet). Mais ce n’est définitivement pas ce à quoi nous faisons allusion ici…
Disons qu’une bonne partie de la population québécoise a eu une belle surprise il y a une semaine. La Banque du Canada a annoncé, non pas une hausse de 75 points de base comme on l’anticipait, mais bien de 100 points de base ! Disons qu’on peut aussi appeler ça « prendre un coup » !
Après tout, c’est la hausse la plus importante en 24 ans… Mais plus sérieusement, est-ce si surprenant ?
L’origine de la poussée ?
Nous apprenions le 13 juillet que l’indice des prix à la consommation (l’IPC) a bondi de 1.3 % depuis le mois passé et de 9.1 % depuis le mois de juin 2021 aux États-Unis. La FED avait déjà augmenté son taux de 75 points de base le 15 juin dernier, un sommet depuis 1994.
On n’a pas besoin d’être prophète pour affirmer qu’une prochaine hausse sera annoncée le 27 juillet. Surtout en considérant que la Réserve fédérale a annoncé vouloir doubler ses taux directeurs d’ici la fin 2022.
De notre côté, on attendait avec impatience la sortie de l’IPC hier, le 20 juillet. Pour rappel, l’indice avait cru de 1,4 % en mai 2022 seulement, et de 7,7 % depuis mai 2021.
Une hausse plus élevée qu’attendu du taux directeur est possiblement annonciatrice d’une hausse de l’IPC. On vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même avec les résultats de juin 2022. Pour ceux qui croyaient qu’on avait atteint le « peak » inflationniste, on n’est peut-être pas sorti du bois comme on dit !
Un autre argument ?
Mais comme la forêt n’est pas seulement composée de bouleau jaune, il n’y a pas que l’IPC qui est intéressant à regarder.
Il y a aussi l’Indice des Prix des Produits Industriels (IPPI, ou PPI pour les É-U). Ce dernier indique le coût de production pour les manufacturiers. Beaucoup d’économistes le qualifient de précurseur, car bien entendu, la production vient avant la consommation.
Il est par contre difficile d’affirmer avec conviction que l’IPPI est annonciateur de mouvement dans l’IPC. N’empêche qu’une hausse de ce dernier a de bonnes chances d’entraîner une hausse des prix de consommation un peu plus tard.
Et encore ici, le Canada a enregistré une hausse mensuelle de 1,7 % en mai dernier, et de 15 % depuis mai 2021. Aux States, une hausse du PPI de 1,1 % en juin 2022 (0,9 % pour mai dernier) et de 11,3 % depuis juin 2021 vient tout juste d’être annoncée. Un autre signe que l’on n’a peut-être pas encore atteint la cime de l’IPC. MISE À JOUR : les données de juin sont tout juste sorties sur le site de Statistiques Canada.
Et si ça s’avère exact (l’est-ce?), attendez-vous à ce que la Banque du Canada aiguise sa hache et continue les montées considérables de son taux directeur. Il est d’ailleurs possible qu’on dépasse ce qu’on visait initialement d’ici la fin 2022…Parce qu’il vaut mieux guérir que prévenir dans ce cas si on dirait, on a une solution pour vos prochains After Interest rate raise.

L’arbre élevé attire le vent
Quand on parle de hausse de taux d’intérêt, on pense souvent à la hausse des paiements hypothécaires en premier. Avec la croissance de l’endettement hypothécaire des ménages canadiens de 9 % et une progression de 400 milliards de dollars en prêt hypothécaire, c’est normal.
Mais il y a d’autres effets liés à une montée du taux directeur.
Par exemple, l’augmentation du coût d’emprunt des entreprises, qui se transpose indirectement dans le coût de production.
Un autre élément important est la demande de permis de construction.
Historiquement, presque chaque hausse importante du taux directeur a entraîné une diminution du nombre de permis demandés. Les mises en chantier ont d’ailleurs déjà ralenti cette année de 4 % entre juin 2021 et mai 2022 comparativement à la même période l’année précédente.



Il sera intéressant de voir comment le secteur de la construction se comportera cette année ainsi que l’an prochain. En 2021, les heures travaillées ont crû de 21 % par rapport à 2020. Le nombre d’emplois aussi a connu une croissance, notamment grâce à l’adoption de 8 mesures temporaires par la CCQ pour favoriser l’intégration d’employés.
Un véritable bras de fer ?
À l’autre bout du spectre, on milite de plus en plus en faveur de la densité. Cet article, paru le 9 juillet, présente très bien les problèmes principaux causant la fameuse crise du logement. On retiendra surtout la mention des lois trop strictes des villes vis-à-vis les projets proposés.
Un drôle d’adon, puisque le maire de la ville de Laval a présenté son premier plan d’urbanisme récemment, et prévoit beaucoup de changements législatifs. Il faut dire que la ville n’avait pas apporté de modifications notables depuis les années 70… ça n’aura pris que 52 ans, ou deux vies de Stevy 😅.
On y promet plus d’espace vert, plus de facilité à construire et moins de stationnements, entre autres. La ville se basera sur l’adaptation d’un bâtiment dans son quartier plutôt que la segmentation de plusieurs zones selon le type de secteur (industriel, résidentiel, etc.). Elle prévoit aussi de réduire le nombre de stationnements exigés dans les projets.
Pour avoir étudié les espaces de stationnement dans le cadre d’un mandat avec le CTRL, on est bien placé pour affirmer que les villes peinent à s’adapter. Il s’agirait donc, dans le cas que le plan de Laval soit accepté, d’un vent de fraîcheur pour la ville.
On ne serait pas surpris de voir d’autres municipalités emboîter le pas, afin de favoriser la densification et le développement durable.
Ce sera donc de voir si une mise à jour de la réglementation des villes pourra renverser la pression exercée par la hausse des taux… un véritable bras de fer ! Non, pour garder la thématique, pas de bois mou ici !



L’important dans tout ça
On termine cette infolettre en vous rappelant que malgré tout, il n’est pas impossible de réaliser des projets. Au contraire, il y aura des opportunités qui vont se dessiner de plus en plus. Il vous faudra donc garder l’œil ouvert !
Il est aussi important que vous développiez vos racines, car elles assureront votre solidité et nourriront vos projets. C’est quasi poétique et ça nous rappelle l’œuvre « L’homme qui plantait des arbres. Un peu à l’image du berger dans ce récit qui donne une nouvelle vie à un paysage presque désert, les proprios sont la clé aux taux d’inoccupation trop arides.
Si vous voulez que l’on contribue à votre propre œuvre, n’hésitez pas à nous contacter pour tous vos défis du loyer. Traversons ensemble cette tempête, plantons des arbres. Cheers !
Bon succès.